L'arthrose du chat
L’arthrose, ou maladie arthrosique, est caractérisée par la destruction progressive du cartilage articulaire.
Le cartilage recouvre les os au niveau des articulations, et joue le rôle d’amortisseur des différents chocs imposés à l’articulation lors des déplacements de l’animal. Un cartilage articulaire normal mesure 1 mm d’épaisseur. Il produit le liquide articulaire, appelé synovie, qui aide à la réalisation des mouvements en agissant comme un lubrifiant de l’articulation.
Lorsque le cartilage s’altère, son rôle d'amortisseur et la fonction de production de synovie sont moins efficaces : c’est pourquoi les mouvements deviennent douloureux.
L'animal atteint souffre lorsqu'il mobilise son articulation malade, il va donc éviter de faire des mouvements qui mettent en jeu cette articulation.
Progressivement, les muscles que l’articulation fait normalement travailler vont être de moins en moins sollicités: on observe alors l’installation d’une amyotrophie, c'est-à -dire une diminution de la taille de ces muscles qui devraient être mobilisés par l’articulation.
On parle souvent de "fonte" musculaire.
Lorsque l'arthrose évolue, l'articulation peut aussi se modifier visuellement : la capsule articulaire s’épaissit, et on note un dépôt de matières osseuses anormales, les ostéophytes.
Toutes les articulations ne sont pas concernées par l’arthrose avec la même fréquence. Les articulations les plus touchées par l’arthrose sont variables selon les espèces. Les articulations les plus touchées par l’arthrose sont variables selon les espèces : chez le chat, ce sont les plus souvent les articulations de l’épaule et du coude pour le membre antérieur, de la hanche et du genou pour le membre postérieur qui sont le plus souvent abimées. Les zones des rachis cervical et lombaire et les articulations des extrémités sont plus rarement concernées par la dégradation arthrosique.
Cela n’est guère surprenant : les articulations des membres sont des structures qui sont soumises à énormément d'efforts et de tensions. En particulier, elles amortissent la réception des sauts, …qui sont le quotidien d’une vie de chat !Le processus de réparation du cartilage articulaire peut se dégrader pour de multiples raisons, dont l'âge (on parle d'arthrose primaire), l’excès de travail de l’articulation dans le cas de surpoids par exemple, ou lorsque l'articulation a subi un traumatisme, comme une fracture par exemple (on parle alors d'arthrose secondaire).
L’arthrose est une maladie douloureuse. La douleur se manifeste surtout sur les mouvements réalisés « à froid ».Quand l’articulation est échauffée, le mouvement devient moins douloureux. C’est pourquoi, on recommande aux humains arthrosiques de pratiquer un sport progressif et régulier, comme la marche à pied ou le vélo par exemple. Mais le chat fait fi de nos conseils, et pire, … il n’a naturellement aucune tendance à se plaindre ! Dans une situation de douleur arthrosique, un chien pourrait gémir ou pousser de petits cris aux changements de position… Mais le chat, lui…ne manifeste rien ! Le chat se contente d’esquiver la situation dont il sait qu’elle va être douloureuse. Il restreint donc ses mouvements : il bouge moins, semble passer plus de temps immobile sur un meuble, hésite à sauter, et restreint l’amplitude de ses sauts. Dans de rares cas et quand la douleur devient très intense, le chat peut également manifester des sautes d’humeur : il devient plus grognon, moins participatif, s’isole plus volontiers, voire miaule et crache lorsqu’on veut le toucher et notamment le prendre dans ses bras. Les boiteries dues à l’arthrose sont rares, et surviennent très tardivement dans l’évolution de la maladie. De même, la malpropreté due à l’arthrose est souvent un élément signant un processus arthrosique installé depuis plusieurs années. Au final, les signes d’arthrose que le chat développe sont peu caractéristiques, discrets, ce qui rend la situation peu lisible pour le propriétaire qui généralement, découvre la possibilité d’une arthrose lors d’une consultation pour un tout autre motif…Néanmoins, le propriétaire d’un chat peut repérer précocement l’arthrose sur son animal en observant son comportement lors des étirements. Car un chat «normal » s’étire plusieurs fois par jour : le matin au réveil, dans la journée après chaque sieste, quand il est content,… par exemple quand il est tout près de son distributeur de nourriture, etc.
L’étirement constitue un exercice d’assouplissement complet, que les félins semblent pratiquer avec bonheur… La séquence de réalisation des étirements est quasiment toujours la même : le chat étire une patte avant devant lui, puis l’autre, jusqu’aux griffes qu’il exhibe devant lui, puis il creuse son dos en baissant et avançant la tête, tout en maintenant son bassin en hauteur avec ses pattes postérieures tendues, et sa queue en arrondi au-dessus de lui. Puis le chat amorce un pas en avant en étirant une patte arrière, en la levant bien haut au-dessus de la ligne du dos, puis l’autre. Et généralement, il termine en s’asseyant avec un air très satisfait, quelquefois en se léchant les babines !Cet étirement mobilise toutes les articulations des membres jusqu’aux articulations des phalanges, ainsi que la colonne vertébrale.Les propriétaires de Chat reconnaitront aisément des attitudes de leur chat dans ces deux dessins : Les adeptes du yoga reconnaitront dans ces deux attitudes quelques similitudes avec les positions pratiquées dans la séquence dite de la Posture du Chat!
Dans nos pratiques courantes de clientèle, nous avons très souvent observé que, lorsque nous demandions à un propriétaire si son chat semblait douloureux, il nous répondait sans hésiter qu’il n’avait jamais observé de douleur sur son animal...
Mais si nous insistons et prolongeons notre interrogatoire en demandant si le chat s’étire bien, si nous décrivons la séquence d’étirement normale en demandant de nous confirmer que l’étirement est bien pratiqué selon notre description, un certain nombre de propriétaires deviennent hésitants et avouent ne pas être très sûrs de la qualité des étirements de leur chat. D’autres nous disent qu’ils sont sûrs que leur chat étire bien leurs pattes avant, mais qu’ils ne le voient pas (plus) étirer les pattes arrières.
Ou bien, à l’inverse, que le chat n’étire jamais ses pattes avant. Il nous est alors facile d’objectiver la douleur sur le chat en mobilisant les articulations que le chat évite de solliciter dans ses étirements.
Et de décider la prescription appropriée en fonction du niveau de douleur observée.Les propriétaires sont parfois surpris de cette découverte d’arthrose : ils se disent étonnés de constater la douleur sur la table d’examen, alors que leur chat saute sur les meubles de la maison. N’oublions pas que la douleur arthrosique, surtout dans les premiers stades, disparait lors d’un échauffement de l’articulation. Un chat qui a marché sur quelques mètres peut sauter sur un meuble sans avoir « trop mal », et il peut aussi accepter une sensation passagère de douleur si c’est pour aller dormir sur son meuble préféré…La présence d’une douleur articulaire, en particulier lorsqu’elle est située sur les articulations classiquement concernées par l’arthrose (épaule, coude, hanche, genou), ne doit pas être négligée : le processus arthrosique est un processus chronique qui finit par détruire l’articulation, et la propension naturelle du chat à mettre au repos l’articulation qui lui fait mal, est aggravante pour l’évolution de l’articulation touchée : une articulation mise au repos s’ankylose, elle peut même être définitivement bloquée par des formations osseuses arthrosiques indésirables, les muscles adjacents fondent et deviennent inefficaces pour la soutenir. Le chat devient de plus en plus sédentaire : il rentre dans la spirale négative j’ai mal-je ne bouge pas-je n’ai plus de muscle-je bouge encore moins-je grossis = mon articulation souffre plus-ce qui me fait mal, etc… Il existe cependant des outils pour ralentir et minimiser le processus. !
Votre vétérinaire habituel va faire un bilan de la pathologie, et, en fonction des résultats de ses examens, il va vous prescrire les produits adéquats, adaptés à la situation de votre chat. Sachez que le traitement repose sur trois outils principaux : en cas de douleur importante, les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) prescrits par votre vétérinaire seront une aide précieuse. Ils soulageront la douleur, et permettront au chat de se déplacer plus volontiers, ce qui est favorable à sa musculature. Une hygiène de vie est à adopter, et, en particulier, le surpoids doit être combattu. En effet, le surpoids fatigue les articulations et active les phénomènes arthrosiques. Un régime adapté pourra être prescrit. Parallèlement, il faut inciter son chat à bouger… Ce qui est plus facile si la douleur est levée : courses à la boulette de papier, au pointeur laser, étirements sur les pattes arrière pour attraper une plume, jeux nouveaux accrochés dans l’arbre à chat, etc… Le mouvement participe au développement des muscles qui soutiennent l’articulation, il stimule la mobilisation du liquide synovial et contribue à la bonne survie des tissus articulaires.
Les Aliments Complémentaires de bonne qualité sont recommandés : ils permettent de réduire la douleur et l’inflammation, de nourrir et de soigner le cartilage en situation d’arthrose. Les Aliments Complémentaires chondroprotecteurs contiennent a minima la chondroïtine qui interviennent dans la croissance, la reconstruction et la réparation du cartilage.
Les Aliments Complémentaires à base d’Acides Gras Essentiels sont également très intéressants car les acides gras, notamment les omégas 3, ont démontré leur capacité à réduire l’inflammation locale. Ces produits, pour des raisons d’ordre législatif, sont généralement incorporés dans des produits indiqués pour la beauté du poil et du pelage, mais ils ont également un intérêt non moindre pour gérer la douleur lors d’arthrose, et ainsi limiter l’usage des traitements conventionnels, qui ont effets secondaires désagréables sur le long terme. Notons que les omégas-3 sont des molécules fragiles, qui doivent être protégés de l’air et de la lumière, et qu’elles sont détruites au cours de la phase d’extrudation lors du processus de fabrication industrielle des aliments pour animaux. Les mentions riches en omégas-3 présentent sur certaines étiquettes ne doivent pas vous abuser : seul un aliment complémentaire non cuit, dans un conditionnement qu’il le protège de l’air et de la lumière, peut prétendre faire un apport d’Acides Gras Essentiels efficace pour ses propriétés anti-inflammatoires naturelles.